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Précisions sur l’entraînement aux appareils à résistance pneumatique

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Le terme  « pneumatique » fait ici référence à l’utilisation de l’air comprimé comme modalité de résistance, en remplacement des charges, barres, poids ou haltères. Essayons de comprendre l’intérêt de cet outil pour optimiser les qualités neuromusculaires et pour préserver l’intégrité physique des sportifs.

Les premiers appareils à résistance pneumatique sont apparus à la fin des années 70. Si ces outils d’entraînement se sont répandus, depuis, Outre-Atlantique, leur utilisation en Europe est moins généralisée mais elle est de plus en plus utilisée dans le sport de haut-niveau pour améliorer les composantes Force/vitesse et prévenir au maximum les risques de blessures.

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À l’instar des bandes élastiques, les appareils à résistance pneumatique imposent ainsi des forces qui ne dépendent pas de la masse d’une charge mais de la pression de l’air produite par un vérin et de la surface à travers laquelle la pression de l’air est appliquée. L’utilisation de ces appareils engendre donc, en théorie, moins de variations de la force musculaire nécessaire pour réaliser un exercice, ce qui limite le niveau de contrainte articulaire et, par conséquent, diminue le risque de blessure. Offrant l’opportunité de réaliser un travail musculaire sans induire de stress trop important sur les articulations, ces systèmes ont donc d’abord été utilisés auprès des personnes âgées, comme le montrent les études réalisées jusqu’au début des années 2000. Pourtant, l’autre intérêt de ces systèmes est de répondre à certaines limites de l’entraînement à charge constante. En effet, l’entraînement classique en musculation, qui utilise principalement ce mode de résistance, est limité par les propriétés inertielles de la charge. Ainsi, s’il est reconnu efficace pour développer la force maximale, l’entraînement musculaire à base de poids, barres et haltères ne semble pas être le plus adapté pour entraîner la vitesse et la puissance, qualités musculaires essentielles dans de nombreuses disciplines sportives [1]. À l’inverse, les études récentes menées notamment par l’équipe de Robert Usher Newton, à l’Université Edith Cowan en Australie, ont montré que les appareils à résistance pneumatique permettent à l’athlète de produire des mouvements plus rapides et plus puissants par rapport à un exercice réalisé avec une charge constante[2]. Il a également été démontré que les niveaux de vitesse et de puissance atteints sont supérieurs à ceux produits lorsque l’on projette la charge (mouvement balistique), ce qui est pourtant une forme d’entraînement reconnue pour améliorer les capacités de vitesse et de puissance. Ainsi, l’utilisation de résistances pneumatiques permet à la fois de diminuer les contraintes mécaniques imposées aux systèmes musculo articulaires tout en favorisant la production de vitesse et de puissance. Selon le principe de spécificité, cette forme d’entraînement devrait donc, à terme, être plus efficace pour développer ces qualités musculaires essentielles pour la performance. Sur le plan pratique, la résistance pneumatique imposée lors de l’exercice peut être définie très simplement à l’aide de boutons situés à portée de main de l’utilisateur, jusqu’à des niveaux très élevés (plus de 500 kg sur une presse horizontale) sans avoir à déplacer des masses. Cette technologie a été implémentée depuis sur des ergomètres robustes, permettant de réaliser les mouvements classiques de musculation analytique (extension et flexion de jambe en position assise, presse horizontale, flexion plantaire, extension et flexion de hanche, etc.), mais aussi sur des appareils reproduisant des gestes sportifs tels que le départ en sprint (ex : modèle Air 300 Runner de la marque Keiser, très en pointe). Ce type d’appareil associe ainsi l’innovation et l’intégration dans des procédures d’entraînement fonctionnel, respectant le principe de spécificité de l’activité. Parmi les innovations à retenir, la plupart de ces appareils offrent à l’athlète un retour visuel instantané sur la puissance produite à chaque répétition, permettant ainsi de maximiser l’engagement lorsqu’on le souhaite. Des versions informatisées proposent enfin une gestion complète des données, en enregistrant les résultats des séances, facilitant ainsi le suivi de l’entraînement, des objectifs et des progrès réalisés. Le processus d’entraînement et la procédure de testing-évaluation (profil Force-Vitesse) sont ainsi intégrés dans un même outil, avantage non négligeable dans le cadre d’une approche moderne de la préparation physique. Il existe différentes marques d’appareils d’entraînement à résistance pneumatique ; l’une d’entre elle, déjà citée plus haut entre parenthèses, me semble proposer les outils les plus fonctionnels, les plus adaptés et donc les plus performants. Il s’agit de la marque Keiser, que j’utilise au MHR (Squat, Runner, Functional Trainer et Belt Squat), que d’autres clubs de Top 14 comme Clermont ou le Stade Français utilisent aussi, mais également le Centre National du Rugby à Marcoussis, l’INSEP ou de nombreux grands clubs de football européens, ainsi que le centre de rééducation de Capbreton (CERS), ce qui illustre parfaitement et avec force l’influence grandissante des appareils à résistances pneumatiques dans le sport de haut-niveau depuis une dizaine d’années.

 

Pour aller plus loin : Lire le livre de Benjamin Del Moral (2016), Préparation physique : prophylaxie et performance des qualités athlétiques, éditions physiques performance.

 

 

1 Frost DM, Cronin J, Newton RU. A biomechanical evaluation of resistance : fundamental concepts for training and sports performance. Sports Med. 2010;40(4):303-26.

 

2 Frost DM, Cronin JB, Newton RU. A comparison of the kine -matics, kinetics and muscle activity between pneumatic and free weight resistance. Eur J Appl Physiol. 2008;104(6):937-56


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