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Interview Jérôme Simian

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16144847_1521739581199475_448871017_nAux JO de Rio, Mélina Robert-Michon et Kévin Mayer ont tous deux remporté une médaille d’argent et battu leur record de France. Elus par la suite sportifs de l’année, ils font tous deux confiance à Jérôme Simian et à son approche inspirée et inspirante de la préparation physique…

 

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis originaire de Givors où j’ai fait toute l’école de rugby. Au milieu des années 90, je suis parti étudier les systèmes d’économie et de gestion et le commerce international d’abord aux USA, à Georgia, puis à l’university McGill à Montréal. Lors de mon cursus, j’ai joué au football américain tout en me formant sur le tas à la préparation physique. J’ai eu l’opportunité de côtoyer Charles Poliquin et Daniel Mercier. Plus tard, en 1998, je suis rentré en France où j’ai validé une maîtrise STAPS en 2000. Ensuite, j’ai commencé à entraîner des athlètes. J’ai accumulé une solide expérience dans le milieu de la préparation physique dans de nombreux sports ; le rugby professionnel, les différentes disciplines de l’athlétisme, le patinage artistique, le golf, le volley-ball, le basketball, les sports nord-américains et même l’escalade pour n’en citer que quelques-uns. Avec mon accompagnement, les athlètes, que j’ai entraîné, ont participé à 8 jeux olympiques et ont glané des dizaines de podiums nationaux, européens et mondiaux, et surtout, tous sauf un ont réussi à améliorer leurs performances.

 

Vous avez basculé de la préparation physique en sport collectif vers la préparation d’athlète en individuel. Pourquoi ce choix ?

Il se trouve que j’ai quitté la préparation physique dans les clubs à la suite de conditions défavorables et que le cas ne s’est pas représenté depuis. L’individuel et la gestion de groupe posent des problèmes et des défis différents. L’inconvénient du travail en club est que l’on est bien souvent responsable d’aspect sur lesquels on n’a pas ou peu de moyen d’influence. Cela peut être frustrant. La préparation en individuel, même si au final c’est un groupe, présente un contexte plus simple et un contrat plus clair entre le sportif et moi. Il fait des efforts, je le guide en cela et il devient meilleur. Si les efforts de sa part sont faits, je ne m’en prends qu’à moi si la progression n’est pas satisfaisante. Cela permet aussi d’être un peu plus pointu. Mais ce n’est pas forcément plus facile, c’est juste que le sentiment de contrôle est plus grand. Cependant, je reste ouvert à une nouvelle expérience en club ; l’expérience de l’âge et la maturité dans les relations humaines aidant, c’est une tâche qu’il me semble intéressant d’entreprendre de nouveau. 

 

Vous êtes donc indépendant ?

Oui, ma structure est complètement indépendante et privée. Dans le système français, souvent bien subventionné, un sportif ne se décide pas forcément à engager un service payant. Il le fait seulement en cas de force majeur. Du coup, si un sportif vient me voir c’est qu’il a un problème. Tout ça pour dire que je n’ai pas le luxe de recruter un large groupe « talentueux » et d’y appliquer quelconque méthode, d’en voir un ou deux produire des résultats qui justifient ainsi ces méthodes même si tous les autres ne progressent pas. Cette contrainte oriente mon travail vers une pratique basée sur les résultats plus que sur des méthodes ou dogmes. Il faut que chacun progresse dans sa discipline sous peine de ne plus le voir revenir. C’est une différence fondamentale. Mon impératif de résultat me pousse à être pragmatique et efficace. Le résultat, c’est dur mais juste… là  tu ne peux pas te cacher. On mesure les compétences d’un préparateur physique au pourcentage de sportifs qu’il a eu entre les mains et qui sont devenus meilleurs.

 

Vous suivez beaucoup de sportifs ?

J’ai un suivi complet et annuel avec environ 35 athlètes ; pour la plupart, je les garde des années. J’entraîne aussi de manière ponctuelle d’autres sportifs avec plusieurs types de missions courtes : retour de blessures, préparation  en intersaison, suivi en vue d’un objectif précis. Les sportifs viennent d’horizons très différents que ce soit en sports collectifs (basket, rugby, football…) et en sports individuels (athlétisme, voile, golf, escalade, patinage artistique…). Je tiens aussi à souligner qu’un des aspects agréables de ma pratique professionnelle est de voir ces sportifs de différentes disciplines et d’horizons différents interagir dans mes locaux et échanger, s’interroger mutuellement sur leurs sports respectifs. Il est même arrivé une fois que je recense neuf langues différentes dans ma salle lors d’une même séance d’entraînement !

 

Comment faîtes-vous concrètement pour les rendre meilleurs ?

D’abord, il faut que le sportif me fasse confiance, qu’il adhère à mon approche car « Il n’y a pas pire programme que celui auquel tu ne crois pas ! ». Ensuite, pour que le sportif progresse, mon but est d’éliminer le facteur limitant ….et ce facteur limitant, il est changeant ! Il est important de bien comprendre que l’entraînement c’est ce qui te rend meilleur maintenant. L’entraînement est donc un processus de changement…tu t’entraînes si tu fais des choses qui te rendent meilleur là tout de suite maintenant ! Si tu as programmé une séance d’épaulé et que tu es un peu fatigué, peut-être qu’il est préférable d’adapter la séance, changer le type de mouvement ou ajuster le nombre de répétitions et de séries ou peut être le mieux est de se reposer. Et tu ne deviens pas moins bon parce que tu n’as pas réalisé ce qui été prévu, au contraire tu as progressé ! Je trouve complétement anormal qu’on dissocie performance et intégrité physique/ santé. Parfois, devenir meilleur, c’est prendre soin de cette petite douleur qui fait que l’athlète ne peut se livrer complètement même si un travail de force max avait été prévu. Le plus important c’est d’agir sur le système nerveux car c’est le système nerveux qui règle tout ! C’est lui qui règle votre structure, votre capacité de récupération, c’est lui qui règle votre capacité d’activation, c’est lui qui règle la longueur de vos tissus etc..

 

Et si vous avez un sportif blessé à gérer ?

En cas de blessure, il faut identifier les facteurs favorisants car les sources de blessure sont multiples mais elles sont avant tout la résultante d’une demande inadaptée, soit par son intensité, soit par sa quantité ou encore par sa nature. Toute blessure naît d’une incapacité à absorber des forces qu’elles soient de grande ampleur et violentes, ou de plus faible ampleur mais répétitives. Sa résolution, en dehors de l’intervention médicale sur les éventuelles lésions, consiste à redonner au système la capacité d’absorber ces forces.

 

Sur quoi sont fondées vos méthodes ?

Les méthodes que je pratique aujourd’hui, sont le fruit d’une recherche constante de résultats tangibles sur la performance sportive, et pas seulement sur la progression des exercices de préparation physique. Cette recherche se nourrit toujours des matières fondamentales de physiologie, de neurologie, d’anatomie et de recherches scientifiques, mais surtout d’échanges et d’apprentissages auprès des entraîneurs qui, dans le monde, démontrent un taux de réussite supérieur. L’apprentissage se fait par problème et résolution de problème ! Je fais évoluer mes méthodes par cette logique de résolution de problème ; si mon sportif a ce type de problème, soit je suis capable de le résoudre, soit je vais m’entourer de personnes qui vont m’aider à le résoudre. J’établis une sorte de veille technologique, je me forme continuellement et je cherche les solutions pour répondre aux problèmes auxquels sont confrontés mes athlètes.

 

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Je voyage beaucoup, j’aime rencontrer des entraîneurs et des confrères qui ont une vision avec une approche personnelle mêlant convictions et résultats. J’en appelle à l’ouverture d’esprit et à l’enquête. Au cours de toutes ces rencontres, j’ai davantage trouvé de points communs que de différences sur les fondamentaux de la performance chez ceux qui obtiennent des résultats.
J’écoute tout le monde mais je ne fais confiance à personne. Je teste tout et ne garde que ce qui marche. Je trouve  toujours intéressant de voir des gens qui ont la même mentalité et qui utilisent des moyens différents ; parfois même, tu rencontres quelqu’un qui fait évoluer ta mentalité. Dans la construction de mes compétences, je me suis appuyé sur Charles Poliquin et Jay Schroeder, mais je me nourris d’autres rencontres comme Ido Portal, Louie Simmons ou encore Joe Kenn, et aussi de tous les entraineurs que je côtoie grâce aux athlètes que j’entraîne, et des meetings internationaux. Plus je vieillis, moins j’en dis, plus j’écoute.

 

On entend souvent dire que vous n’êtes pas trop tourné vers la musculation avec barres et haltères ?

C’est quelque peu inexact. Il est vrai que je dénote dans le milieu. Certains observateurs s’étonnent de mes choix comme celui par exemple de ne pas utiliser des mouvements d’haltérophilie dans un programme destiné à une lanceuse de disque.  Mais ma réponse est plutôt de dire que je ne m’impose pas d’obligation de moyens, seulement de résultats. Parfois, je juge l’utilisation de poids et haltères pertinente, parfois non. Un moyen plus pertinent peut exister. Par exemple, grand bruit a été fait parce que le programme de Kevin Mayer ne comportait pas de développé couché ces trois dernières années. On a dit : « Comment pourra-t-il progresser au lancer de poids ? C’est n’importe quoi ! Bla bla bla… ». A Rio, Kevin remporte haut la main le concours du lancer de poids du décathlon! Les résultats parlent.

Dans ma salle, on soulève des barres ou des haltères, cependant ce n’est pas forcément le premier et seul outil que j’utilise. Parfois, les barres et les haltères se prêtent à l’amélioration des qualités motrices et parfois moins. L’utilisation de ces outils semble être devenue le passage obligé et presque synonyme de préparation physique dans la plupart des sports où la puissance est un facteur. Mais le système nerveux ne distingue pas des forces qui lui sont imposées par une barre ou par le sol ou un adversaire. Ainsi, on semble aussi souvent oublier que la pratique de la musculation est une spécialisation en soit. Grossièrement parlant, le système nerveux réarrange les schémas neuronaux afin d’être plus efficace pour effectuer la tâche qui lui est demandée de façon éventuellement répétitive. L’espoir est que les adaptations ainsi provoquées par la pratique du « soulevé de barres » se transfèrent positivement sur la tâche spécifique. Espoir seulement, car bien souvent, les gains en musculation n’ont que peu d’effet sur la performance sportive. En sport, on développe des qualités motrices. Cette différence avec le culturisme est très importante.

Les « qualités physiques » n’ont de sens qu’au sein de schémas moteurs et ce n’est pas parce qu’un athlète progresse dans l’exécution d’un exercice consistant à soulever une barre ou haltère lourde – donc logiquement montrant une augmentation de la force- , qu’il montrera des qualités de force accrues dans sa tâche spécifique. Les moyens employés doivent être choisis non en fonction du matériel à disposition ou de la tradition, mais des adaptations qu’ils créent, et si ces dernières sont immédiatement favorables au geste sportif. Le choix des moyens sont guidés avant tout par les besoins de la structure neuromusculaire tout d’abord d’un point de vue général. Certain schémas de mouvement ou chaines musculaires peuvent connaitre des déficiences locales qui doivent être évaluées en terme anatomique, métabolique et de coordination. La connaissance de l’influence de ces schémas dans la pratique spécifique guidera l’intervention. Cette intervention tiendra compte des qualités des forces mises en jeu dans le sport (temps imparti, directions, sens, pic, amplitude, mises en jeux de chaines et schémas basiques etc…)

 

Est-ce à dire que le renforcement se doit d’être extrêmement spécifique?

La réponse est non car seule la pratique sportive est spécifique. L’expression de ces qualités de force est bien souvent soumise à des prérequis de capacité de mouvement et de coordination qui sont les vraies clés du transfert de la préparation physique générale sur le spécifique. La pratique spécifique s’en trouvant améliorée très rapidement.

 

Et comment réagissez-vous  lorsqu’un  de vos athlètes échoue en compétition ?

Lorsqu’on pense apporter une contribution au succès d’un athlète, il faut aussi se poser la même question dans une situation d’échec ou dans la difficulté, quand les résultats ne sont pas au rendez-vous. Par exemple, Mélina a ressenti des douleurs de lombalgie très handicapantes lors des championnats du monde de 2015 à Pékin, ne lui permettant pas mieux qu’une 10ème place alors que sa saison et ses performances d’entraînement semblaient lui promettre au moins un podium. Lors d’une réunion entre nous tous ensuite, nous avons déterminé dans chacune de nos compétences ce que nous pouvions faire de mieux. Pour ma part, j’ai mis en place un suivi pratique de la VFC afin d’appréhender d’une meilleure façon le stress général. En dehors de celui de l’entraînement, il s’était avéré que le nouveau statut de favorite était très lourd à porter pour elle et nous ne l’avions pas vu. Son état de tension neuromusculaire était trop important et elle s’est fait mal lors d’un lancer à l’entraînement, 4 jours avant la compétition. Pour 2016, nous avons pu ainsi disposer d’une mesure plus objective des effets globaux et ajuster. Si nous l’avions eue en 2015, peut être aurions-nous pu ajuster – à distance, car je n’étais pas à Pékin- les activités d’avant compétition et ainsi éviter le pépin. Ça fait mal sur le coup mais on apprend et on devient meilleur.

 

Comment collabores-tu avec les coachs des athlètes que tu entraînes ?

Tout d’abord, nous nous mettons d’accord sur le modèle technique et ensuite ils doivent me mettre au courant de leur pédagogie c’est-à-dire du vocabulaire, de la terminologie qu’ils utilisent. En effet, la mise en place du langage c’est hyper important car c’est du sport et il faut arriver à lier les mots à l’action. Ensuite, il s’agit de voir ce qui est de l’ordre de la pédagogie et ce qui est des possibilités physiques !  Bien souvent, les difficultés rencontrées dans la technique sont le reflet d’une impossibilité motrice. L’athlète ne peut exécuter les consignes car il n’a pas le « physique » pour.  Mon travail consiste alors à lui donner les possibilités motrices de le faire et ainsi la technique et la performance s’améliorent. La pédagogie n’était pas en cause, ni la volonté de l’athlète, simplement ses moyens moteurs. Après, il faut s’asseoir pour mettre en place le plan, une programmation pour atteindre les objectifs.

 

Comment bien définir les responsabilités de chacun ?

Le préparateur physique a le même but que l’entraîneur, celui d’améliorer la performance, chacun ayant des rôles bien spécifiques au service de l’athlète.

Donc, le rôle du coach est de fixer le point de départ, donner l’intention et le bon ‘feedback’, le bon retour d’information à l’athlète pour signifier à son cerveau ce qu’il faut mettre en mémoire, ce qu’il faut modifier la prochaine fois. C’est le plus important. Un athlète avec toutes les qualités physiques du monde qui n’a pas la bonne intention restera moyen.  Le préparateur physique s’occupe du reste ! C’est-à-dire qu’il donne les moyens à l’athlète de réaliser l’intention, influencer positivement tous les facteurs du recrutement pour optimiser la technique et utiliser les bons schémas de mouvement.

Notre rôle en tant que préparateur physique est donc de permettre la bonne exécution technique des sportifs, dans les conditions les plus poussées, imposées par les standards de performance désirés. En athlétisme par exemple, les qualités physiques et techniques sont si intimement liées qu’il paraît difficile de les séparer. Donc, selon mon approche, la préparation physique est l’enseignement, la pratique et la planification des moyens non spécifiques d’amélioration de la performance sportive. Notre tâche n’est pas de produire des développés couchés plus lourds ou simplement des détentes verticales supérieures mais de donner à l’entraîneur un athlète qui a les moyens de répondre à sa pédagogie, de façon à ce que la pratique spécifique produise les progrès spécifiques qu’elle est censée produire.

 

Vous accordez une place importante à la technique…

La technique d’exécution des exercices est primordiale parce que si tu fais le choix d’un exercice, c’est parce que tu penses qu’il pose une difficulté à surmonter qui est celle que l’athlète rencontre dans son spécifique. Sinon tu fais les trucs au hasard. Et si tu laisses l’athlète s’échapper de cette difficulté, tu as peu de chance de voir un transfert sur la performance. En clair, tu ne bosses pas ce que tu veux bosser. Mais cela repose sur le choix judicieux de l’exercice.

 

Si on suit votre raisonnement une bonne technique repose sur la capacité à réaliser des mouvements efficients ?

Selon le neurophysiologue Daniel Wolpert, la raison d’existence du cerveau est la production de mouvements complexes et adaptatifs. Le cerveau serait une machine qui fait des prédictions en fonction desquelles il organise le mouvement et, dépendamment du retour d’information sur le succès ou l’échec de l’action, l’ajuste pour en produire une autre. On voit que ces processus font appel à la mémoire, aux émotions qui modulent l’apprentissage, à la perception et au retour proprioceptif afférent. Donc, améliorer votre capacité de mouvement irradie tous les aspects de votre vie.

Dans le sport de haut-niveau, les meilleurs athlètes sont ceux qui maintiennent les meilleures positions soumis aux forces  et aux vitesses les plus grandes, le plus longtemps possible si nécessaire. Le premier des apprentissages dans le système est la capacité d’adopter ces positions et de contraindre la structure dans celles-ci.  Ce qu’il faut donc retenir, c’est qu’il est illusoire de vouloir enseigner la technique d’un sport à vitesse réelle si l’athlète n’a pas la capacité physique d’adopter ces positions.

La qualité de mouvement est donc bien plus complexe et multifactorielle, et c’est elle qui détermine la performance. Et quel que soit le niveau, il existe une justesse de mouvement ; un geste sûr, économe, fluide et rapide qui peut être nourri de puissance.

 

Vous étiez à Rio l’été dernier. Comment avez-vous vécu ces JO ?

Ces jeux de Rio 2016 furent épuisants mais surtout extrêmement gratifiants. Les deux athlètes que je prépare ont remporté deux médailles, toutes deux historiques puisqu’elles sont les premières depuis 1948, avec à la clef deux records de France pour Mélina et Kévin! L’expérience fut belle à la fois au cours de la compétition mais aussi dans les années qui y menèrent.
Pour cette belle aventure, je tiens à remercier les coachs Serge Debie et Bertrand Valcin pour les échanges qui m’ont permis d’assurer une préparation physique cohérente en lien direct avec leurs attentes. Je tiens aussi remercier la direction technique de la FFA qui a organisé le stage pré-Olympique à Sao Paulo dans des conditions parfaites et m’a permis d’y participer. On y a fait beaucoup de travail important là-bas.

 

Quels conseils prodigueriez-vous à un jeune qui veut devenir préparateur physique ?

Je lui dirais avant tout d’être pointu en anatomie, biomécanique et physiologie du mouvement. Il doit aussi faire le métier avec passion et détermination. Il ne faut jamais sacrifier la pratique sur le terrain, c’est-à-dire qu’il faut être le plus rapidement en situation d’entraînements. Cela doit l’aider à se construire son ou ses systèmes sur le(s)quel(s) s’appuie sa conception de l’entraînement. Ceci est très important car aujourd’hui nous sommes soumis à une masse d’informations ; il faut donc redoubler de prudence dans l’évaluation que nous en faisons.  En effet, les livres et l’internet sont remplis de catalogues de moyens, d’outils et de méthodes. Ce qui manque presque à chaque fois est un cadre conceptuel permettant leur utilisation pertinente. Du coup, lorsqu’un jeune débute comme préparateur physique, à moins d’avoir la chance de grandir sous l’aile d’un mentor, il possède des outils au lieu de philosophie. Je lui conseille de s’investir et réfléchir afin de se forger des principes. Ceux-ci se muent petit à petit en philosophie.  De cette philosophie découle un ou des systèmes permettant à l’expérience de servir à quelque chose. Un système peut être modifié, amélioré, renforcé, mieux qu’un assortiment plus ou moins hasardeux de « méthodes ».  Ce système permet d’avoir un regard fort et personnel sur l’entraînement car, en fin de compte, c’est la seule chose qui fasse vraiment la différence pour faire progresser des athlètes. A partir de l’expérience acquise, un jeune doit donc se bâtir puis affiner son système. Il doit être convaincu de ce qu’il fait, même si cela doit le conduire à avancer à contre-courant.


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