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Interview Guy Ontanon

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guy_ontanonEntraîneur en athlétisme, Guy Ontanon nous parle sans détours de sa carrière et de son métier.

 

 

 

– Vous avez débuté dans le monde du basket-ball, Comment êtes-vous devenu un entraîneur de haut niveau en athlétisme ?

 

Il est évident que rien ne me prédestinait à devenir entraîneur d’athlétisme. Je n’ai jamais pratiqué le sport à haut niveau. J’ai été un modeste coureur de 110m haies, de niveau universitaire, et un bon joueur de basket. Mon passage du monde du basketball à celui de l’athlétisme est un pur hasard. Dans le cadre de mes missions au sein du collège où j’étais enseignant en EPS, j’ai été amené à remplacer au pied levé une de mes collègues responsable de la section athlétisme à l’UNSS. Les quelques élèves que j’ai formés dans cet environnement sont devenus de bons athlètes en équipe de France comme Fabé Dia ou David Patros. Puis, Jo Maisetti, alors entraîneur des relais 4x100m, m’a confié les relais juniors en préparation des championnats du Monde à Sydney, en 1996. A partir de ce jour et avec la médaille d’argent des garçons, le départ était donné, je me suis investi à 200% dans l’athlétisme.

 

 

 

– Pendant 5 années vous avez fait partie du Team Lagardère, quel regard portez-vous sur cette expérience ?

 

Mon travail au sein du Team Lagardère représente, à mes yeux, mes cinq plus belles années professionnelles. Le travail tout comme les relations humaines ont été extrêmement enrichissants. La diversité des champs d’action : recherche, entraînement d’athlétisme, préparation physique avec le tennis, m’a permis d’accroître mes compétences dans le domaine de l’entraînement et de la préparation physique du haut niveau. Cette expérience a été bonifiée au contact de personnes comme Xavier Moreau, directeur général du Team et ancien préparateur physique d’Amélie Mauresmo, ou Christian Miller directeur adjoint du Team et ancien responsable du laboratoire de biomécanique de l’INSEP. Christian a su être fréquemment à mon écoute pour qu’en commun nous puissions faire évoluer les plans d’entraînement des sprinters. Nos réunions hebdomadaires de travail sur la musculation ou le travail des appuis chez le tennisman ont été très riches et j’en garde de précieux enseignements.

 

 

– Suite au Team Lagardère, Vous avez connu aussi le chômage, une période sombre de votre vie professionnelle Que retenez-vous de cette expérience douloureuse ?

 

Il est toujours très dur de se voir licencié alors que l’on a rien à se reprocher. La loi du marché, les enjeux économiques, toutes ces raisons invoquées ne peuvent nous apaiser ou nous faire entendre raison. J’ai encore à ce jour un immense sentiment de frustration. Celui de n’avoir pas pu aller au bout d’un projet qui à mes yeux était novateur et permettait de créer une véritable équipe autour d’un projet de performance pour les sportifs. Arnaud Lagardère n’a pas su être patient et surtout n’a pas su tenir le cap qu’il voulait donner au sport français. Durant cette période, j’ai pu garder le moral en grande partie grâce à ma femme et ma famille. Les athlètes que j’avais au Team Lagardère ont continué avec moi pendant cette période difficile. J’ai continué à les entraîner sans trop gamberger en attendant un nouvel emploi au sein de la FFA.

 

 

– Comment avez-vous réussi à rebondir ?

 

Comme je vous l’ai dit précédemment, je ne suis pas resté les bras croisés durant cette période. J’ai continué d’entraîner et les résultats ont été au rendez-vous avec une belle place de finaliste au championnat du monde pour Jimmy Vicaut en 2011 à Daegu (KOR) ce qui a fait de lui le plus jeune sprinter à atteindre une finale mondiale. J’ai également profité de mes rendez-vous au pôle emploi pour créer mon entreprise de coaching. J’ai diversifié mes champs d’action par des interventions en entreprise, sur le management d’équipe, ou en préparation physique, avec des rugbymen comme Yoann Huget ou Benjamin Fall.

 

 

– Qu’est-ce qui vous fascine dans votre métier ?

 

Le métier d’entraîneur est fascinant à plus d’un titre. Nous sommes de véritables chefs d’orchestre. Nous contribuons à ce que le soliste, l’athlète, joue sa partition idéalement le jour « J ». Pour çà les missions du coach sont multiples.

 

Il est « homme d’action » pour décider, planifier, organiser, gérer et contrôler les séances d’entraînement.

 

Il est aussi « homme de réflexion » pour analyser, diagnostiquer, juger et anticiper sur les orientations à donner pour continuer de progresser et se tenir au plus haut niveau.

 

En fin c’est « un homme de relation » qui conseille, anime, motive, inculque des valeurs et qui accompagne ses athlètes dans les moments de crise. La crise doit être envisagée aussi bien dans la réussite que l’échec. J’entends par crise les moments de rupture positifs ou négatifs dans la carrière de l’athlète.

 

 

-Y a t-il des gens dont le travail vous a impressionné ?

 

Non pas vraiment mais le travail de certains coachs de très haut niveau me fascine. Je suis admiratif du travail bien fait et de la précision avec laquelle ces grands personnages gèrent leur staff. Phil Jackson dans le basket ou Alex Fergusson dans le football, Jean Todt en Formule 1 ou Aimé Jacquet qui a su contre vents et marées garder sa ligne de conduite et le cap avec L’équipe de France de Football en 1998. Je souhaite aussi remercier Jo Maisetti qui m’a formé sur les relais et qui est pour moi le plus grand coach que nous ayons eu en France dans cette discipline. Il est et restera mon père spirituel.

 

 

– Enfin, à quoi reconnaît-on un bon préparateur physique spécialisé dans les composantes de la vitesse ?

 

Très difficile de répondre à cette question. Je vais plutôt faire une réponse générale. Je crois que pour être un bon préparateur physique, dans quelque domaine que ce soit, il faut être une personne à fort caractère et avoir des convictions affirmées pour construire sa propre méthode. Mais il faut aussi se remettre en question et se renouveler aussi bien dans les victoires que les défaites. Le préparateur physique doit être aussi quelqu’un de passionné et qui doit rechercher l’excellence. Il doit être un chercheur et être curieux pour rester à la pointe de l’information, dans tous les secteurs d’activités qui touchent à son métier. Enfin je crois surtout que le préparateur physique doit avant tout faire preuve d’empathie et être particulièrement à l’écoute de ces athlètes, pour s’efforcer de comprendre le sportif mais également l’homme ou la femme qu’il y a derrière, afin d’en tirer le meilleur.


Une réponse à “Interview Guy Ontanon”

  1. laurent HUBERT dit :

    Tres bon article ou l’on sent le grand professionnel qu’il est. Son palmarès parle pour lui, tout en gardant une humilité et une ligne de conduite. Chapeau MONSIEUR ONTANON

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